GRAND PRIX LES FEMMES S’EXPOSENT – FUJIFILM,
sur le dérèglement climatique

“La vallée est morte” de Jeanne Frank

SYNOPSIS | Le vendredi 2 octobre 2020, la tempête Alex, ravageait plusieurs vallées des Alpes-Maritimes dont celle de la Roya, la plus enclavée. Des pluies diluviennes, 560 millions de tonnes d’eau, sont tombées en quelques heures. Les inondations ont fait dix morts et huit disparus. Dans la commune de Breil sur Roya, l’eau est montée à plus de 2m50 dans le centre-ville. Un peu plus haut, les communes de Fontan, Saorge, Tende, prisées des touristes, sont désormais coupées du monde. Pour se rendre dans la haute Roya, il faut maintenant parcourir 25 kilomètres à pied, le long d’une route jonchée de débris et de branches. Des kilomètres de routes sont hors d’usage, dix ponts ont été pulvérisés, plusieurs maisons emportées ou fragilisées.
Livrés à eux-mêmes, les habitants des villages enclavés auront attendu 48h avant l’arrivée des premiers hélicoptères qui apportent les vivres et rapatrient les personnes fragiles. Les habitants essaient tant bien que mal de s’organiser, entre aide immédiate et système D.
Il faut penser l’après. Les travaux de reconstruction seront colossaux. Ils couteront au minimum un milliard d’euros pour les trois vallées. Et comment reconstruire en tenant compte des réalités abruptes de la modification du climat ? Les maires des communes sont inquiets ; ils veulent éviter l’exode des habitants. Certains ont déjà quitté la Vallée. « La Vallée, elle est morte pour des années », dit-on ici.
Des reportages réalisés en octobre pour : Le Monde & Médiapart

Jeanne Frank

PRIX OBS – LES FEMMES S’EXPOSENT

Utrish : à propos des palais et des “sauvages” de Nanna Heitmann

SYNOPSIS | La réserve naturelle d’Utrish, située sur une demi-île au bord de la mer Noire, est le seul endroit en Russie qui abrite une végétation méditerranéenne telle que des pistachiers et des genévriers uniques vieux de 500 ans.
Les écologistes appellent cet endroit “le cœur des écosystèmes méditerranéens”. Depuis les années 1960, ses lagons sont un lieu de prédilection pour les nudistes, yogis et hippies qui viennent y passer l’été.
Si la plupart partent dès qu’il fait plus froid, une poignée d'”Utrishiens” y vit à l’année. Ce sont des ermites russes orthodoxes, des adeptes de Krishna, des vétérans ou simplement des personnes qui ont décidé de vivre dans la nature, loin de la civilisation.
Mais le parc national d’Utrish se retrouve au cœur des convoitises ; l’ancien président russe Medvedev y a un projet de résidence de luxe. Et non loin se situe le « palais de Poutine » révélé par la récente enquête sur l’opposant politique russe Alexej Navalny qui a entraîné les plus grandes manifestations en Russie depuis 2011. Cette vidéo accuse le président Vladimir Poutine de posséder en cachette un somptueux domaine de 1,7 G$, devenu le symbole de la corruption qui sévit à la tête de l’Etat.
Les Utrishiens défendent leur espace de liberté. En 2009, avec les écologistes, ils se sont interposés physiquement pour arrêter la construction d’une route à travers la réserve jusqu’à la résidence prévue de Medvedev. En août 2020, alors qu’énorme incendie s’est déclaré en trois endroits du parc, ils ont formés une chaine humaine pour maitriser l’incendie, des heures avant l’arrivée des hélicoptères bombardiers d’eau.

Nanna Heitmann

PRIX SAIF – LES FEMMES S’EXPOSENT, sur le voyage immobile

“Utopic théâtre” de Alexa Brunet

SYNOPSIS | Pourquoi y a-t-il autant de personnages enfermés contre leur gré dans les histoires pour enfants ? De Raiponce à la femme de Barbe bleue, en passant par Hansel et Gretel, la Belle au bois dormant ou Sherhazade. En poussant plus loin, même Robinson sur son île, Noé sur son arche et Jonas dans sa baleine, cela fait un grand nombre de confinés !
Je vis dans un petit hameau ardéchois perdu dans un écrin de verdure entre un ruisseau et une montagne. J’ai quitté la ville en 2010, sans regret, depuis je tiens rarement en place et ai le sentiment de n’exister que dans le mouvement. Le confinement m’a incitée à me poser. J’ai profité de cette bulle spatio-temporelle pour photographier mes proches de façon ludique, transcender notre quotidien et inventer des histoires en famille. Celles provoquées par des situations subies comme l’école à la maison, la fête d’anniversaire sans copains, etc. En puisant dans notre imaginaire, souvent inspirés par les contes enfantins, nous avons transformé notre lieu de vie en petit théâtre utopique, loin des rumeurs du monde.

« Lettres de photographes » entre mars à mai 2020 / Une série réalisée à l’initiative du programme de recherche d’Arte TV dirigé par Paul Quezan.

Alexa Brunet