Emilienne Malfatto | Le dernier Éden

C’est un autre Irak. Inattendu. Les marais de Mésopotamie, dans le sud du pays, font figure de jardin d’Éden, d’oasis en plein désert. Les « Arabes des marais », comme on les nomme, vivent entre roseaux et buffles d’eau dans cette région qui semble hors du temps, où l’on a retrouvé les premières traces d’écriture.
Cet espace est pourtant menacé : après la guerre Iran-Irak, et un assèchement délibéré en 1991, le danger vient aujourd’hui des barrages sur le Tigre et l’Euphrate, les fleuves qui alimentent la zone en eau. Turquie, Syrie, Irak : tous se servent en amont.
Et le réchauffement climatique aggrave la situation. Les marais ne couvrent plus que 3 000 km², contre 15 000 jadis. Si l’eau vient à manquer durablement, les habitants devront partir. Ils seront chassés d’une enclave de paix et jetés dans des zones de troubles. Chassés de l’Éden.

BIO | Emilienne Malfatto est photojournaliste et photographe documentaire. Après des études en France et en Colombie, elle entre à l’Agence France-Presse puis s’installe en freelance au Kurdistan irakien, en 2015. Curieuse d’un Irak méconnu, elle découvre les marais de Mésopotamie en 2016 et y retourne régulièrement depuis. Sa connaissance du pays, de la langue et des codes sociaux lui permettent de documenter des aspects intimes de la société. Elle collabore avec le « Washington Post » et est également autrice du roman « Que sur toi se lamente le Tigre », dont l’action se situe en Mésopotamie.

Emilienne Malfatto

ÊTRE FEMME PHOTOGRAPHE
« Je travaille principalement en Irak, la plupart du temps seul e. Je ne compte plus les fois où on m’a demandé : « Ça n’est pas trop dur pour une femme ? » La réponse est non. Au contraire, c’est souvent un atout : j’ai accès au monde des femmes, des familles, à ce qui se passe derrière les portes fermées, derrière les voiles. Mais je suis aussi une femme étrangère : j’ai de ce fait égalem ent accès au monde des hommes ; ils acceptent de me traiter d’égal à égal. Je n’ai pas à me plier aux injonctions imposées, hélas, aux femmes irakiennes. « 

Emilienne MalfattoEmilienne Malfatto