Isabeau de Rouffignac | Piplantri, le paradoxe (Inde)

J’ai voulu, à la manière des cubistes, par l’abandon de la perspective classique et l’éclatement des formes, montrer la coexistence de deux réalités qui s’entremêlent à Piplantri, en Inde, à l’image de ce pays contrasté. D’un côté, l’exploitation des carrières de marbre et leurs conséquences désastreuses : assèchement des terres, disparition de l’agriculture, mise en danger de la vie des mineurs non protégés, maladies – silicose ou silico-tuberculose – provoquées par l’inhalation des particules de poussière. De l’autre, une initiative emblématique menée pour réduire les infanticides de filles : l’ouverture par le village d’un compte bancaire au nom de chaque nouveau-née. L’argent déposé doit servir à financer ses études supérieures ou son mariage. En contrepartie, les familles s’engagent à planter 111 arbres et à ne pas marier les filles avant l’obtention de leurs diplômes.

In Piplantri, India, Isabeau highlights the juxtaposition of marble quarrying’s devastation and a unique effort to combat female infanticide. The village opens bank accounts for female newborns, funding education or late marriage in exchange for tree planting.

BIO | Graphiste de formation, Isabeau de Rouffignac décide en 2016 de se consacrer entièrement à la photographie. En avançant dans sa pratique artistique, elle aborde toujours ses projets sous l’angle documentaire mais, si le sujet s’y prête, avec une approche esthétique, voire plastique, en s’accordant du temps. En mêlant ces différentes manières de travailler ses sujets, elle sort des catégories imposées pour inventer un langage qui lui est propre. Membre du studio Hans Lucas, ses travaux ont été plusieurs fois exposés en France et à l’étranger. Elle a été, en 2021, lauréate de la bourse des Amis du Musée Albert-Kahn et finaliste du prix Roger-Pic.