Charlène Flores | Ils ne peuvent pas tous nous tuer*

* Traduction : « They can’t kill us all », le slogan des manifestants à Hongkong, repris sur les pancartes, banderoles et tee-shirts.

À partir de mars 2019, les Hongkongais se mobilisent contre un projet de loi d’extradition vers la Chine. Cette nouvelle « révolution des parapluies » (nom de la contestation depuis 2014) rassemble jusqu’à 2 millions de personnes dans les rues. La proposition de loi est officiellement retirée sept mois plus tard, le 23 octobre 2019. Malgré une répression implacable, avec parfois des tirs à balles réelles, les démocrates hongkongais, qui exigent le suffrage universel, ne baissent pas les bras. Mais, en 2020, Pékin profite de la pandémie de Covid-19 pour édicter une loi de Sécurité nationale, entérinant la perte d’autonomie dont bénéficie l’ancienne colonie britannique. Des dizaines de militants pro-démocratie sont arrêtés, ceux qui veulent échapper à l’emprisonnement partent en exil. Ces photos documentent la lente et néanmoins brutale suppression de l’espace démocratique d’une région qui fut un temps une des plus libres d’Asie.

BIO | Diplômée en science politique, Charlène Flores s’est formée à la photographie aux Gobelins – L’École de l’Image, en 2018. Elle a d’abord enquêté sur deux problèmes environnementaux qui rongent la Bretagne, sa région natale : la prolifération des algues vertes toxiques et la pollution lumineuse issue des serres industrielles de tomates. Publié et repris largement dans la presse, ce travail lui a permis d’intégrer le collectif Divergence dès septembre 2019. Russophone et sinophone, elle documente également des singularités géopolitiques comme la Transnistrie (entre la Moldavie et l’Ukraine), la Kalmoukie (une république de Russie), ou encore Hongkong, où, enceinte de trois mois, elle s’est installée en janvier 2020.

Charlène Flores

ÊTRE FEMME PHOTOGRAPHE
“Arrivée à Hongkong pour m’y établir comme photographe, je n’ai quasiment pas cessé de travailler malgré ma grossesse. Je ne pouvais tout simplement pas me permettre d’attendre la naissance ou que mon enfant ait quelques mois. Il faut être lucide : la précarité et l’exigence simultanée de surperformance sont inconciliables avec la maternité.
Malgré les difficultés, de nombreuses femmes sont à la fois mères et photographes indépendantes, mais c’est à l’évidence un obstacle de taille. S ans système d’aides ou de soutien, le monde de la photographie se prive de nombre de talents. “

Charlène FloresCharlène Flores